Quand Macron va à Alger

Publié le par disquedur

Au contraire, soulignent des sources diplomatiques algériennes, Emmanuel Macron a fait comprendre à ses interlocuteurs algériens qu’il veut traiter tous les pays du Maghreb sur le même pied d’égalité. L’Elysée ne veut à aucun prix froisser le partenaire marocain qui, sur le terrain sécuritaire, a marqué des points, ces dernières semaines, auprès des Français. Cette politique d’équilibre n’a pas été du tout du goût du président algérien Bouteflika et de ses conseillers qui ont espéré un meilleur « renvoi d’ascenseur ». La présidence algérienne avait donné plus que des gages cet été, en montrant à quel point les conseils de l’allié français étaient écoutés. C’est l’époque où celui qui était alors Premier ministre, Abdelmajid Tebboune, s’en était pris aux oligarques algériens et notamment à Ali Haddad, le patron du FCE (organisation patronale algérienne). Lequel était au mieux avec Emmanuel Macron, depuis la rencontre des deux hommes au printemps lors de la visite du candidat Macron à Alger (voir ci contre). Cet été donc, l’Elysée aurait fait pression sur l’Algérie, indiquent de bonnes sources à Alger, pour que l’offensive anti Haddad cesse. A la même époque, le Premier ministre, Edouard Philippe, avait d’ailleurs tenu à recevoir Abdelmajid Tebboune, en vacances alors en France, pour lui demander plus de modération dans sa croisade anti oligarques. Finalement, Tebboune, fidèle entre les fidèles de Bouteflika, avait été limogé brutalement. A la grande satisfaction des Français. En parfait connaisseur des rouages du sérail algérien, l’ambassadeur français en Algérie, Xavier Driencourt s’active pour réparer les dégâts et renouer le contact. Très respecté et consulté par les tenants du pouvoir à Alger, ce diplomate espère réconcilier l’Elysée et le Palais d’EL-Mouradia lors de ce voyage express du président français.  Afin de faciliter les dépôts de plainte et les signalements, Emmanuel Macron a confirmé la généralisation d’un téléphone d’alerte, déjà promis lors de la campagne. Des unités hospitalières devraient être créées cette année pour la prise en charge psychotraumatique des femmes victimes de violences. Le président a aussi évoqué, entre autres, la possibilité de déposer plainte hors les murs du commissariat. Concernant les violences sexuelles et sexistes, un projet de loi sera présenté cette année. Ce texte doit créer un « délit d’outrage sexiste » pour verbaliser le harcèlement de rue, comme s’y était engagé le candidat Macron. Autre mesure souhaitée, l’allongement du délai de prescription de 20 à 30 ans pour les crimes sexuels commis sur mineurs. Ces derniers pourraient aussi se voir fixer un âge en-dessous duquel le non-consentement à une relation sexuelle est présumé. Des élus pas assez efficaces, trop nombreux et peu représentatifs… Tel a été le constat dressé par Emmanuel Macron devant le Congrès à Versailles en juillet dernier. Pour y remédier, la rénovation des institutions politiques doit réduire d’un tiers le nombre de parlementaires. Deuxième mesure clef : l’instauration d’une dose de proportionnelle lors des élections législatives.

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